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KESYS : un mariage atypique entre folk et post rock

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La découverte de ce projet s’est faite de la façon la plus banale qui soit lors d’une conversation. Et Kesys n’a rien de banal, nous le découvrirons plus bas.

Au sein de la discussion, nous parlions de 20 seconds falling man et d’un concert à venir sur Bordeaux. Et le lien avec Kesys s’est fait car il est porté par la même personne qui a fait l’artwork de #2 leur dernier EP en date chroniqué d’ailleurs ici même à savoir Jeff GRIMAL.

Lorsque j’avais demandé les infos pour pouvoir crédité l’artwork de leur EP, j’ai donc fait la découverte de Jeff. Et plus particulièrement de son univers où se mélangent couleurs et sonorités. Peinture et musique.

Et toujours dans cette même discussion un « Au fait t’as écouté le dernier projet de Jeff ? Kesys ! Va sur son mur facebook tu vas le trouver là ! »

Ni une ni deux ! Une fois rentré, je me jette sur mon ordi pour jeter une oreille à ce projet.

Je m’arme de mes dix doigts et je commence à fouiller sur le net voir s’il y a quelque chose sur Kesys. Du genre une personne historique, une légende ou autre. Bah non, rien que des sociétés… La Vérité est donc ailleurs….

Direction facebook à la quête du Graal ! Direction sur le profil de Jeff qui administre Spectrale et Kesys notamment ! On reviendra sur Spectrale dans une future chronique, il y a du travail en cours... Donc je mets la focale sur la page Kesys

Bon ! Et bien belle surprise ! Déjà tout est produit et disponible à l’écoute ici !

Le premier de mes sens interpellé c’est la vue avec l’artwork made by Jeff himself ! Y a un truc qui dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même !

Il y a de la lumière, de l’ombre voire du sombre. Ce que l’on peut voir à la lumière et ce qui se cache dans l’ombre.

Ensuite vient ce texte, en anglais dont Jeff m’a aimablement passé la traduction et qui pose le cadre :

« Kesys était un homme las. Il décida un jour de tout laisser pour se retrouver et se relier au grand Tout, qui l’avait vu naître et qui le verrait repartir. Au plus profond de lui-même se croisaient des certitudes, de quelque chose de plus grand, plus simple et complexe à la fois. Et, pour la première fois de sa vie, c’est cette idée qu’il allait suivre. Il réalisa que c’était la première fois qu’il se connectait à ce point à lui-même et au monde. Son instinct et sa raison étaient parfaitement accordés. Et il se sentait tellement libre… Son départ fût un soulagement. Adieu veaux vaches cochons, adieu tumultes et vacarme improductifs. Il partit un soir de pleine lune. Ses pas étaient comme portés, son esprit s’arrêta de vagabonder. Il était connecté. Un vrai retour aux sources. La lumière de la lune faisait danser son ombre joyeusement. De-ci de-là, il pensait à des phrases qui lui venaient sans qu’il sache d’où. « Le jugement est à l’origine de la plupart des peurs ». Il y songea un moment, et les mots prirent tout leur sens. « L’esprit est la force vive de ce que nous ne pouvons pas voir. Nous le savons dès notre arrivée, la cohue nous empêche de continuer à voir ensuite. » Au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans les bois où il allait oublier la ville et les hommes, il sentait une sorte de racines pousser sous lui. Il décida de s’asseoir entre deux immenses chênes sur la mousse. Son esprit reprenait tout son pouvoir sur les autres. C’est en s’éloignant qu’il s’en rendait compte. Au fur et à mesure qu’il pensait et se reconnectait, sa peau devint plus végétale et petit à petit, il se transforma en tronc. De petites branches apparurent et Kesys retourna dans le grand Tout, prêt à fleurir et à suivre les cycles avec la forêt qui l’englobait. Son amour pour le monde était enfin revenu. »

Après ces quelques lignes, je me décide (enfin) à écouter !

Dès le premier titre « Consolidated », on rentre dans une dimension très intimiste et lumineuse à la fois. C’est doux et à la fois fragile. Surgit alors doucement et de plus en plus présentes les cloches d’une église. Est-ce là que Kesys prend son départ, ressent sa liberté et ses connexions? On rentre alors dans un monde pour moi plus hypnotique, aérien pour se terminer sur quelque chose d’apaisant qui permettrait de fermer les yeux tout en s’endormant.

J’enquille les morceaux les uns après les autres.

Plusieurs écoutes suivent. Et je me rends rapidement compte de la cohérence entre l’artwork et le contenu. Un chouette mariage de folk et de post rock !

Mon titre préféré « il pleut sur notre amour ».

A chaque fois que j’écoute KESYS, mon attitude change. Je me sens plus posé, plus serein comme si j’étais plus détaché de mon environnement proche.

En même temps, dès les premières sonorités je me trouve dans quelque chose de particulièrement introspectif.

La recherche du son, les mélodies soutenues de nappes vocales ou de ce qui ressemble à des violons (mais non c’est de la guitare avec une bonne grosse réverbération régler sur 6 me glisse Jeff au moment de la relecture) m’entraînent dans cette attitude.

Je me rends compte que pendant toute la durée de l’écoute, je suis en « suspension » comme un peu hors de mon corps. Et pourtant particulièrement centré sur ce que je fais.

Maintenant, c’est le moment de discuter avec l’intéressé !

Le talentueux, le prolifique Jeff GRIMAL,  sous vos applaudissements !

Peux-tu nous faire une petite présentation de ce projet ? Comment est-il né ? Qu’est ce qui a motivé cette création et LA question qui me brûle les lèvres et les doigts : pourquoi KESYS ?

Kesys est pour le moment un projet solo (ça peut changer) de folk ambient mélangée à des influences Post rock. J’ai voulu créer une musique la plus contemplative possible, surement le projet le plus planant dans ma discographie. Il fait appel à un coté méditatif et ermite de ma personne

Le projet est né pendant l’été, j’avais énormément de riffs et d’idées et j’ai décidé de créer. Le but était de faire un album en do it yourself avec juste un micro et des effets pour les guitares. Le son est un peu caverneux, un peu lo fi mais c’est voulu.

Pourquoi Kesys ? A la base je voulais appeler le projet HERMIT mais il existe 3 groupes avec ce nom, du coup je suis allé chercher dans les traductions d’ermite dans plusieurs langues et je suis tombé sur celle en turc qui m’a beaucoup plu

Qu’est-ce qui explique le texte sur cet homme las ? Te retrouves-tu dans ce personnage et pourquoi ?

– Le texte explique le besoin de créer en solitaire, de faire de la musique en lâchant totalement prise sur plein de choses. De se retrouver. Mon besoin aussi de retourner à la nature, loin du monde des villes et des violences. Devenir un peu un ermite.

Y a-t-il une corrélation entre les paragraphes du texte et les morceaux ?

– Non pas vraiment, dans chaque titre ça raconte une petite histoire de ma vie mais je laisse aussi le choix aux gens de faire leur propre histoire en écoutant.

Tu serais donc « Kesys » si je comprends bien ?

– oui je suis bien le personnage du texte

Concernant, je ne dirai pas la pochette c’est trop réducteur, l’artwork, l’as-tu créé en même temps que tu composais cet album ? Parce que, je me trompe peut-être, à mes yeux il y a un tout conçu dans la même dynamique entre ton texte, ton visuel et tes morceaux qui donne une cohérence globale parfaite !

– J’ai créé la pochette en fin de composition oui, J’ai utilisé la peinture à l’huile pour ce projet, il me semblait judicieux de faire de l’abstrait, un mouvement. On peut y voir une sorte de souffle de la nature, comme des vagues ou des racines. L’explosion !! Au fur et à mesure de la composition les choses devenaient de plus en plus claires pour l’artwork, tout a été très rapide, 2 mois pour faire la totalité, musique artwork etc ! Comme une grande poussée artistique en 2 mois. « Vas-y Jeff faut le faire, c’est le moment » ahahah

Au moment où nous écrivons ces lignes ensemble, tu me dis que le deuxième album de Kesys est dans les tuyaux ainsi qu’un deuxième album pour Spectrale. Comment arrives-tu à gérer ta créativité sur tant de « tableaux » (pas pu m’en empêcher, désolé) ?

– Oui je suis en train d’écrire le second album de Kesys, il sera différent avec d’autres couleurs et des surprises. Je teste des choses que je n’ai jamais fait auparavant. Pour Spectrale nous avons encore beaucoup de travail d’enregistrement et d’arrangements mais je suis vraiment content des compos. je sais pas vraiment comment j’arrive à gérer, j’ai juste tout le temps envie de créer, je suis un hyperactif. J’ai besoin de nouveautés et d’aventures non-stop

Va-t-il y avoir des concerts ou un autre format destiné au public ? Et si oui des dates à venir ?

-Avec kesys je prépare le live, pas de concerts pour le moment. Un pressage de CD est à venir. Avec Spectrale on joue le 13 décembre à Nantes au Ferrailleur.

 

-Merci à toi Jeff pour le temps que tu nous as accordé et longue vie à Kesys ou comment mêler folk et post rock dans une même couleur. Bravo à toi pour ces moments pendant lesquels je me suis retrouvé limite en méditation. Je confirme ton album est contemplatif et planant !

-Merci à vous chères lectrices et chers lecteurs de l’accueil que vous voudrez bien faire à Kesys tant avec vos oreilles qu’avec vos yeux !

 

Jef Linares