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DEADO, TWINGO REVERSE (FR), 2017

24 04

Il est certain que le nouvel EP du groupe toulousain/bordelais passe inaperçu à coté des géants TH da Freak et Flanagan, du même label Flippin Freaks. Mais il faut se pencher davantage sur ce collectif, monté en 2014 dans la cité du vin, pour découvrir des pépites d’inventivité. Deado, dernière release de Twingo Reverse, en est une.

 

C’EST QUI LE MEC SUR LA POCHETTE ?

Alors lui, c’est le charismatique compositeur de Twingo Reverse. Sauf que là, il fait une sale tête. Le groupe n’en est pas à son premier essai avec Deado, puisqu’on compte six EP sur son bandcamp, dont un en co-écriture avec TH da Freak.

Twingo Reverse s’oriente plutôt vers le studio actuellement, avec une production homemade, comme  la plupart des groupes du collectif, mais des performances scéniques étaient encore d’actualité à la saison dernière, où l’artiste jouait notamment Burried In My Brain on live, essentiellement dans les caves bordelaises. Un Twingo Reverse qui tient une bonne cadence donc, puisque l’EP le plus ancien date de 2014. Il vient de sortir Deado en septembre 2017, sur le label de son association, Flippin Freaks.

ALORS, C’EST COMMENT ?

Avant de s’intéresser à l’album en soi, il faut d’abord remplir quelques efforts d’imagination. Un banc, sur Venice Beach. Un léger soleil réchauffant, et une brise tiède. Sur la jetée passent des jeunes femmes par paquets de dix, en longboard, en rollers, en bikini, devant les marchands de glace à la vanille, les vendeurs de t-shirts ambulants et les musiciens qui jouent gratuitement.

29 avril 1998.Un paquet de Pall Mall dans la poche, et une Budweiser fraîche dans la main.

The Big Lebowski est sorti en salle il y a peu, et toute l’Amérique a répondu présente à l’appel du Dude. On adopte alors un style de vie désintéressé, teinté dé pacifisme et de légèreté.

Une ambiance de paix, de nonchalance innocente et de béatitude bénigne règne dans l’air de Los Angeles, dans cette fin des années 90.

BON OK, ET NIVEAU SON ALORS ?

Le musicien se qualifie de alternative pop/rock, noise pop, dans une rubrique « à propos » bien vide sur sa page Facebook, mais c’est surtout sur le site du Flippin Freaks qu’il se décrit comme « chroniqueur d’une jeunesse qui ne pense qu’à faire l’amour et emmerder le monde », et « poète nonchalant [qui garde] une certaine violence psychédélique ». Le ton est donné, il faut s’attendre à du psychédélique et des mélodies duveteuses et insouciantes.

On commence donc avec Bette Davis Eyes, track qui ouvre l’EP, et qui vient directement confirmer les influences du compositeur. Une batterie lourde, une mélodie aérienne et une basse catchy ? Tame Impala est une référence certaine pour Twingo Reverse. Mais c’est surtout le chant qui se démarque dans cette track, et la façon dont il s’entremêle ingénieusement aux mélodies guitares, source de la richesse du morceau. Et pourtant, des parties plus énergiques viennent ponctuer la track, grâce à une guitare plus sale et plus électrique – l’overdrive, élément indispensable, et une batterie plus présente et plus rythmée, venant faire écho aux lyrics, pas si légères qu’on pourrait l’imaginer à la première écoute :« And she’ll tease you She’ll unease you» – les femmes et les douleurs de l’amour, thème récurrent des morceaux de Twingo Reverse. Bette Davis Eyes, une bonne entrée en matière, annonciatrice des sonorités et des images de l’EP.

Salutation Posthume, troisième track de l’EP fait office de soucoupe volante. Un morceau chanté en français, une première pour l’artiste préférant généralement la langue de Shakespeare, et dans un style lui aussi bien français. On lâche son pedalboard et on ressort la guitare acoustique, pour entrer dans une track entraînante, sorte de ballade gainsbourgeaise (« 7 lettres ne seront pas pour Elise ») ou brassenssoise (« Quand y’a plus un Nec Mergitur Qui tienne »), qui dénote agréablement avec les premiers morceaux.
Alors, oui, la frivolité des textes peut faire penser à Renan Luce et autres Barnabé, mais pas d’inquiétudes, c’est assumé, et c’est un effet de fraîcheur qui se dégage de cette deuxième moitié d’EP. C’est gai, entraînant, on y sent le printemps et on en oublie le froid. Des guitares plus souples, plus cristallines, et ce choix de la langue française, réveillant ce naturel enthousiasme face à la poésie sommeillant en chacun de nous, viennent emplir cette track d’une bonhomie rafraîchissante.

Il reste donc deux tracks à découvrir, fortement conseillées, ne serait-ce que pour dissiper la grisaille ambiante, et disponibles un peu partout :