CHRONIQUE MIDWEST EMO

C’est l’été, et comme le disait Fabrice Luchini, « on s’arrache, moi ça m’déprime la plage ». Au programme aujourd’hui, une chronique sur le midwest emo : un petit genre des nineties autour de la mélancolie adolescente, des amours d’été, de l’insouciance des vacances. Toujours sur Travelzik, la webradio qui te fait voyager, même dans le passé.

C’EST AVRIL LAVIGNE ?

Le genre naît au milieu des années 90 aux États Unis, plus précisément dans les états du centre, d’où le nom, même s’il s’étendra par la suite au reste du pays. Il tire ses caractéristiques des mêmes racines que le genre emo, bien qu’il ait sa propre identité, le genre emo étant beaucoup plus sombre et sérieux, traitant de thèmes comme le suicide ou le deuil.

Le midwest emo lui, est nettement plus léger, et ses thèmes gravitent plus autour de la nostalgie de l’adolescence avec tout ce que cela implique aux USA en 90 : le skate, la weed, les amours ratés, les rêves de gosse, les fêtes lycéennes, la vie dans les quartiers populaires et son ennui, et plus généralement, « le bon vieux temps ».

TEAM NERD ROMANTIQUE

Le midwest emo, c’est souvent « à fleur de peau » : on y trouve volontiers des guitares clean jouées en arpège, des mélodies entrelacées, des choses assez douces finalement, le tout accompagné par des paroles emo donc, soit centrées autour des émotions, généralement tristes.

American Football est certainement un des groupes les plus représentatifs, même si un peu tardif, avec notamment Never Meant, titre du premier album sorti en 1999. Morceau de sensible fragile diront certains, c’est un exemple de ce qui fait la richesse du genre : des guitares entremêlées aux mélodies aériennes, un chant clair et adolescent, une complexité emprunté au math rock et au jazz. C’est le morceau du nerd romantique du lycée, celui qui, justement, a été refusé dans l’équipe de football.

Dans le même style, The Newfound Interest In Connecticut propose lui aussi un midwest emo assez doux, sensible, même si un peu plus expérimental/noise par moment.

TEAM ADO REBELLE

Et puis le midwest emo, c’est parfois aussi plus inspiré des genres indie rock des années 90, et un peu moins du jazz. En résulte des groupes plus énergiques, peut être moins sensibles, qui tournent toujours autour des mêmes problématiques, mais de manière plus sauvage, plus punk en quelque sorte.

Un des fondateurs du genre, caP’n’Jazz sort en 1995 un album au titre beaucoup trop long, Burritos, Inspiration Point, Fork Balloon Sports, Cards in the Spokes, Automatic Biographies, Kites, Kung Fu, Trophies, Banana Peels We’ve Slipped On and Egg Shells We’ve Tippy Toed Over, souvent renommé Shmap’n Shmazz, qui propose un midwest emo plus survolté.

Idem pour Sunny Day Real Estate, qui s’inspire beaucoup plus des productions indie rock de cette période, du type Nada Surf. Et si l’on perd en complexité des mélodies et en douceur générale, on gagne assurément en efficacité et en puissance.

The Brave Little Abacus est aussi un excellent exemple avec l’album Masked Dancers: Concern in So Many Things You Forget Where You Are (2009, bien tardif, à considérer comme un revival du genre). Un album complet qui offre des morceaux riches, grâce notamment à des pistes de cuivres qui viennent ajouter à cet album en particulier une ambiance presque festive, malgré les thèmes récurrents au midwest emo. A noter qu’on trouvait déjà des cuivres dans American Football.

MIDWEST ASIA

A noter que le genre continue d’exister aujourd’hui, American Football continue de sortir ses mises à jour : ils sortent American Football (LP2) en 2016 et American Football (LP3) en 2019, et que le midwest emo a connu une période revival/redécouverte pendant les années 2000, notamment en Asie.

Un album hommage du groupe Chinese Football sort en Chine en 2011, et s’inscrit dans la lignée de ce style mélancolique et sensible.

Petite pépite japonaise, Susquatch propose un midwest emo virtuose, complexe, dense. C’est assez unique et assez génial, pour peu que l’on adhère au style des groupes précédents, c’est extrêmement conseillé.

BONUS

Pour ceux qui n’ont pas la référence de la plage.

Bon été sur Travelzik.

Johann Pineau